Le constat: une offensive économique mondiale
L' administration Trump a lancé une offensive économique de grande ampleur. Les taxes massives aux importations ont pour but de protéger l'économie déclinante des Etats-Unis et à asseoir ou retrouver sa domination sur le reste du monde. Y compris en marchandisant la guerre !
La France et l'Europe semblent en partie épargnées, mais l'équilibre est fragile et quel en sera le prix pour les relations commerciales avec le reste du monde ?
En effet, les "effets de bords" sont multiples : fermeture du marché américains à la Chine, redirection de la production asiatique vers l'Europe, risques accrus de dumping dans de nombreux secteurs, dont certains déjà fragilisés (électronique, automobile, chimie...).
Aujourd’hui, la plupart des produits que nous utilisons sont le fruit d’un long parcours international.
Une simple pièce électronique peut être conçue aux États-Unis, fabriquée en Chine, testée en Corée, assemblée en Allemagne, puis emballée en France avant d’être vendue dans le monde entier. Ce fonctionnement s’appelle une chaîne de valeur mondiale.
Résultat : un fond d'inverstissement situé aux antipodes peut décider du sort d'un site de production dont la production tout comme l'emploi sont vitaux pour le territoire et l'industrie.
La CGT recense les emplois supprimés et menacés. Les destructions d'emplois et de capacité industrielle atteignent désormais tous les territoires. Ceux-ci sont fragilisés par la financiarisation massive de notre économie.
ATOS, VENCOREX, SANOFI... où est l'intérêt général ?
ATOS, leader des services informatiques, gérant de secteurs clés de l'Etat et de grandes entreprises, a sombré. L'entreprise disposait pourtant d'un modèle viable et de savoir-faire stratégiques dans le numérique.
Son démantèlement révèle le manque d'ambition et de vision stratégique de ceux-là même qui vantent les recettes libérales.
VENCOREX, entreprise essentielle pour les secteurs stratégiques de la défense, du nucléaire, du batiment et de la chimie, a été abandonnée à un investisseur Thailandais, puis vendue à son concurrent chinois, le même dont le dumping sur les prix l'avait mis dans une situation critique. Pourtant, les salariés ont portés avec les collectivités locales un projet de reprise en SCIC (Société Coopérative d'intérêts collectifs), mais les banques notamment ont boudé ce projet...
SANOFI a cédé 50 % de sa filiale OPELLA, entre autres productrice du DOLIPRANE, à un fonds de pension américain. Le groupe touche chaque année 100 millions d’euros d’aides au titre du Crédit d’Impôt Recherche.
Quand aux nombreuses "start up" dopées à coup d'aides publiques, leur bilan social et industriel, en dehors de l'enrichissement de leurs créateurs, reste maigre.
Les réponses qu'on nous propose : une nouvelle version de l'économie de guerre
Comme le montrent les dernières annonces et mesures gouvernementales, ainsi que des loi adoptées comme la "simplification économique", la tentation des dirigeants français est d'utiliser la situation pour accélérer le détricotage des droits sociaux et amplifier l'austérité. Tout cela sous couvert de "solidarité nationale" et d'"économie de guerre".
Escalade... et pourquoi pas Transformation?
Repondre à la guerre par la guerre sur le même terrain exactement s'appelle une escalade, ce n'est pas une bonne idée. Loin de permettre aux salarié·es de tous pays de prendre en main leur vie et d'accéder à un salaire décent avec un travail utile, cette réponse approfondit les inégalités sociales et la crise.
La doxa "tout marché" est inefficace et dangereuse. La crise du COVID a montré que ces règles, soit-disant infaillibles et scientifiquement prouvées, pouvaient être abandonnées. L'Allemagne remet en cause sa "règle d'or" qu'elle ne parvient pas à respecter...
Agir dans le monde d'aujourd'hui, cela ne signifie pas renoncer à le transformer
En analyser le fonctionnement sans accepter les discours tout ficelés, c'est se donner les moyens de le transformer.
La souveraineté industrielle, ce ne sont pas des "éléments de langage", du "en même temps" ou une posture, ce sont des actions concrètes. Il faut cesser d'opposer les droits des salarié·es (qui permettent de fidéliser, former et développer les savoir faire dans l'industrie) aux exigences financières des gros actionnaires, car leurs intérêts ne ruisseleront pas. Pour relancer l'industrie, il faut investir massivement et aller chercher l'argent là où il est capté, et ce n'est pas dans nos poches ! Faire émerger des projets vraiments utiles, partant des salarié es et de l'intérêt général, est possible.
Ainsi, après 12 ans de lutte du syndicat CGT Thalès, le premier maillon d’une filière d’imagerie médicale française a vu le jour. Avec les salariés, la CGT est à l’initiative de la création à Moirans, en Isère, d’une société coopérative pour accompagner PME et start-up des technologies médicales françaises.
Aujourd'hui, les demi-mesures ne suffisent pas, il faut aller bien plus loin. Les réponses à la crise engendrée par l'administration américaine doivent être à la fois industrielles, sociales et environnementales.
Notre volet 2 abordera les propositions de la CGT pour une autre politique industrielle donnant les moyens d'agir à celles et ceux qui en ont vraiment besoin !
A la CGT, nous refusons d'être spectateurs, et d'accepter les discours établis ! Rejoignez-nous pour mener ensemble la conquête de droits pour toutes et tous en France et à travers le monde ! (voir ici).